Interview | Qualité de Vie au Travail et reprise d’activité

Interview du Co-fondateur de Goalmap

Publié le 12 juin 2020

Questions à Damien Catani, Co-fondateur de Goalmap, une jeune entreprise proposant des services de QVT et de prévention santé innovants, dont la mission est de faire de l’entreprise un acteur positif de la santé de chacun

Quels impacts, pensez-vous, que le confinement ait pu avoir sur l’état psychologique et l’humeur des salariés ?

D.C. : Le constat principal, qu’on a pu faire avec Goalmap à travers les enquêtes que nous avons faites auprès des salariés à la sortie du confinement, c’est d’abord une grande hétérogénéité des situations. Selon le contexte familial, les enfants à charge ou pas, le lieu de confinement, la situation professionnelle (chômage partiel, télétravail, travail sur site), vous pouvez avoir des salariés qui se sentent très bien au sortir du confinement, mieux qu’avant, qui ont mis en place de bonnes habitudes, trouvé un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et de l’autre côté du spectre vous avez une frange de salariés qui disent se sentir mal (6%) voire très mal (2%) du fait de l’isolement et de l’anxiété provoquée par la crise (préoccupation par rapport aux finances personnelles, à la perte d’emploi, etc.).

Nous constatons un certain nombre de sentiments positifs : 25% des salariés se disent optimistes, 24% se disent confiants, 23% motivés, etc. avec en toile de fond tout de même une certaine inquiétude (42% se disent préoccupés).

Un facteur clé de succès pour la reprise est donc pour les entreprises d’avoir conscience de ces différences possibles entre les salariés, d’écouter et faire remonter ces ressentis, faire preuve d’empathie avec un point de vigilance pour les salariés que cette crise a chamboulé et qui peuvent être sujets à des troubles psychiques (burn out, dépression, syndrome de stress post-traumatique, etc.)

Lors d’une période de confinement, comment réussir à préserver le moral de ses collaborateurs et le bien-être individuel ?

D.C. : Au niveau de l’entreprise, ce qui transparaît dans nos enquêtes, c’est l’importance de la communication. En temps de crise, il ne faut pas avoir peur de surcommuniquer. Les entreprises pour lesquelles le moral est le meilleur sont celles qui créent un maximum de transparence à propos de l’impact de crise, du plan de reprise, etc. La communication peut être institutionnelle avec des emails par exemple de la direction aux salariés. Elle doit aussi être personnelle et « émotionnelle », et là les managers ont un rôle pivot à jouer pour maintenir le lien, créer de la transparence et faire remonter comment les salariés se sentent. Il ne faut pas hésiter à répéter les éléments clés et à utiliser des canaux multiples pour diffuser de l’information mais aussi pour écouter.

Au niveau individuel, lorsque les conditions le permettent, il est important de garder un cadre et de maintenir ou mettre en place de bonnes habitudes pour garder le cap : éviter les risques liés à une sédentarité accrue avec une activité physique, profiter du temps gagné dans les transports pour faire quelque chose de constructif, veiller à garder une routine de sommeil régulière, peut-être pour cuisiner et avoir une alimentation saine, savoir se déconnecter et maintenir des temps distincts pour la vie professionnelle et la vie personnelle.

Pourquoi pensez-vous qu’il soit indispensable, après ce type de crise, de mettre en place une politique et des actions QVT ?

D.C. : Les habitudes des salariés ont été chamboulées, un sentiment de préoccupation s’est généralisé, les modes de travail ont changé. En cette phase de sortie de crise qui pourrait durer, la Qualité de Vie au Travail (QVT) a plus que jamais un rôle central à jouer pour permettre une reprise dans les meilleures conditions possibles, avec des salariés engagés dans le projet collectif de leur entreprise. Le capital humain de chaque entreprise est précieux et c’est là qu’elle va trouver les ressources vives pour aller de l’avant. Ce n’est pas le moment de la négliger en se disant qu’on s’y remettra quand tout ira mieux. Le lien de causalité va dans les deux sens : c’est en faisant de la QVT une priorité que tout ira mieux.

On est donc dans une optique où la QVT n’est pas un gadget accessoire mais un levier stratégique. Certes, les budgets peuvent être affectés par la crise mais avec un zest de créativité il est possible de mener des initiatives impactantes, en s’appuyant potentiellement sur les usages digitaux (enquêtes en ligne, wébinaires, etc.) qui se sont généralisés à la faveur de cette crise.

Comment réussir à articuler performance économique et qualité de vie des collaborateurs post confinement ?

D.C. : Les deux sont intimement liés. Notre credo chez Goalmap, c’est « Salariés en forme, entreprise qui performe » et il résonne encore plus aujourd’hui en cette période insolite. Quand un salarié se sent bien, physiquement comme mentalement, il va être davantage productif, plus engagé dans la vision de son entreprise. L’entreprise peut voir son absentéisme baisser et sa politique QVT, si elle s’intègre dans son ADN, va avoir des répercussions positives en termes de marque employeur (baisse du turnover, réduction des coûts d’embauche). Ce n’est pas un jeu à somme nulle, on est dans une logique gagnant-gagnant dont tous les acteurs impliqués bénéficient. C’est d’autant plus vrai post-confinement où une mobilisation est nécessaire pour faire « redémarrer la machine ». La santé des salariés va de pair avec la santé économique des entreprises. Ça semble une évidence lorsqu’on se penche sur la question, les salariés sont en demande et de plus en plus d’entreprises en prennent conscience, pour leur bien comme pour le bien de chacun.